Parlement de la Mangrove de Martinique

Dénomination du commun par la communauté usagère Lyannaj Mangwov, ce qui signifie "mise en lien autour de la mangrove" en créole martiniquais
Code Postal et commune principale 97223 Le Diamant
Nom de la personne qui remplit cette fiche Alise Meuris
Type de lieu
  • Communs des littoraux et des mers (dans la mer ou en bord de mer, que ce soit dans un marais, des dunes, des falaises, des forêts rétro-littorales…)
Situation dans le Monde
  • Terres et mers d'Amérique
Description synthétique du commun (10 lignes max) Le projet de Lyannaj Mangwov, vise à créer une entité citoyenne représentant les intérêts de la mangrove comme ressource naturelle ayant le droit et la nécessité d'être protégée et valorisée, notamment par les communautés d'usagers qui sont en lien étroit avec elle. Il s'agit de créer un Commun de la nature afin de préserver notre mangrove, tout en bénéficiant de ses ressources et services écosystémiques. Le Parlement permettra la mise en dialogue coopérative et démocratique des usagers de la mangrove. Il contribuera à préserver cette ressource commune inestimable, aujourd’hui en danger, et pourtant indispensable pour maintenir et renforcer la résilience du territoire de la Martinique. Il est complémentaire d'initiatives et de gestions déjà présentes sur le territoire pour renforcer les actions de préservation de la mangrove, par la résolution de conflits d’usage et l’organisation d’actions de terrain mobilisant la population martiniquaise.
Spécificité de la ressource en commun La mangrove est une forêt tropicale de milieux humides et saumâtres qui se forme près de la mer, dans les parties basses des bassins versants terrestres où eaux de pluie et de mer se mélangent. Elle est le lieu de naissance de très nombreuses espèces halieutiques, de la mangrove, mais aussi de la mer. Elle est un milieu très important pour les oiseaux, y compris migrateurs. Elle est un lieu ressource en termes d'espèces traditionnellement pêchées ou chassées (crabes, poissons, palourdes ...) Elle est un paysage et un cadre de vie de très grande qualité pour les riverains, promeneurs, touristes... Elle assure des fonctions écologiques et des services écosystémiques primordiaux qui en font un véritable pilier de résilience pour le territoire martiniquais et pour le Monde.
À votre connaissance, ce commun a-t-il une cadre juridique formel ou informel ?
  • Informel, basé sur des règles d'usages orales
Et s'il s'agit d'un commun formel, pouvez-vous préciser sa forme juridique telle que par exemple :
  • Autre
Voulez-vous commenter cette information ou lui ajouter des précisions ? Il s'agit d'un projet de création de commun sur la base de pratiques traditionnelles, d'us et coutumes, augmentés de diverses propositions émergentes en réponse à des dynamiques récentes et à la crises écosystémique actuelle. Les pistes de structuration en cours d'étude par les communautés usagères sont : l'association de fait et la SCIC.
À votre connaissance, ce commun a-t-il un ou plusieurs propriétaires ?
  • Public et privé
Voulez-vous commenter ou compléter ce point ? La mangrove est souvent située sur la zone dite des 50 pas géométriques, une spécificité des territoires ultra-marins pour le Domaine Public Maritime. Les propriétaires sont majoritairement publics : Conservatoire du Littoral, mais aussi Collectivité Territoriale de Martinique via la forêt départementale littorale fréquemment confiée à la gestion de l'ONF, Communes (...). Certaines parties de ces mangroves sont également privées, avec souvent des périmètres de protection publics superposés comme par exemple des sites classés loi 1930, les 50 pas géométriques, ou encore RAMSAR.
Existe t-il à votre connaissance, un droit d'usage des ressources de ce commun ?
  • Informel
  • Réglementé (bail, convention, traité, us & coutumes…)
Voulez-vous commenter ou compléter cette question ? Certaines pratiques de pêches sont connues et réglementées comme par exemple la capture du crabe de terre, Cardisoma guanhumi, traditionnellement consommés en ragout à Pâques (le Matoutou de crabes). D'autres pratiques traditionnelles de soin à la mangrove comme la "chasse d'évacuation" (rupture du bouchon sableux pour restauration des connexions mangrove-mer pour favoriser les conditions de vie des espèces et la ressource halieutique) sont relativement peu connues, y compris des gestionnaires publics, mais ne sont pas inconnues d'écologues spécialistes avec qui nous avons échangé, qui la recommandent comme outil de gestion efficace, positif pour la biodiversité et la santé des mangroves. Un consensus pour faire reconnaitre la légitimité et l'intérêt de ces pratiques reste à établir, c'est un des buts du Lyannaj.
Services rendus par le commun
  • Conservation des forêts (stockage de carbone, prévention des incendies, qualité de l'air…)
  • Biodiversité (conservation, maintien, création par les pratiques et les usages…)
  • Défense du littoral et de la mer (trait de côte, atténuation des submersions, des houles, de la salinisation des sols, biodiversité marine…)
  • Autonomie alimentaire (relocalisation de productions, préservation de semences, de végétaux, d'animaux rustiques résistants…)
  • Santé et soins (liés à l'alimentation, aux plantes, santé des habitats et des écosystèmes, bienfaits sur la santé mentale…)
  • Cadre de vie (fabrique de beaux paysages, patrimoines et cadres de vie de qualité, accueil, tourisme soutenable, récréation, ressourcement et activités économiques liées…)
  • Cohésion sociale (maintien de communautés rurales, citoyenneté, démocratie locale, transmission de la connaissance des lieux, des milieux, des risques…)
  • Économie (création et maintien d'activités économiques et d'emplois non-délocalisables…)
Description des services rendus par le commun
  • assure des fonctions écologiques et des services écosystémiques primordiaux qui en font un véritable pilier de résilience pour le territoire martiniquais et pour le Monde
    • protection du retrait du trait de côte, houles cycloniques, tsunamis
    • filtration et clarification des eaux pluviales pour les récifs qui ne supportent pas la turbidité, écosystèmes de transition et écotones majeurs entre les écosystèmes terrestres et marins, récifaux
    • lieu de vie et nurseries de nombreuses espèces, y compris les oiseaux migrateurs, avec des zone importantes pour eux (miroirs d'eau des marigots)
    • fait partie des milieux ayant la plus grande capacité de stockage de carbone au Monde (grâce aux crabes qui enfouissent la matière organique entre autres...)
  • est le lieu de naissance de la majorité des espèces halieutiques de la mer (lien mangrove - mer, production de phyto et de zoo plancton, source de ressources halieutiques pour la pêche traditionnelle en mer)
  • est un lieu ressource en termes d'espèces traditionnellement pêchées ou chassées (crabes, poissons, palourdes ...)
  • est un paysage et un cadre de vie de très grande qualité pour les riverains, promeneurs, touristes...
Vie du commun
  • Émergent (mobilisation locale en cours)
  • Vivant (communauté active d'usagers)
  • Menacé (risque d'enclosure, d'aliénation, de destruction)
Des conflits d'usages, des tensions, des menaces sur le commun ?
Ce commun est à la fois :
  • vivant, car les pratiques traditionnelles collectives existent de longue date,
  • émergeant, car les diverses communautés d'usagers sont en train de se structurer pour se constituer en interlocuteurs reconnus, pour contribuer à résoudre des conflits d'usage existant entre communautés, mais aussi avec l'amont ou l'aval et pour contribuer à réparer les atteintes actuelles aux mangroves,
  • menacé par diverses dynamiques et conflits d'usages en particulier :
    • - l'artificialisation des sols,
    • - le défrichement,
    • - les constructions,
    • - les modifications des circulations d'eau en quantité et qualité dans les bassins versants,
    • - l'industrialisation de l'agriculture,
    • - les pollutions diverses à macro déchets (vieil électroménager, véhicules, plastiques) et engrais, herbicides et pesticides dont le terrible chlordécone,
    • - pour les plus récentes, les algues sargasses
    • - ...
Mots-clés liés aux ressources, aux milieux, aux cultures
  • Marais doux, marécages, zones humides
  • Marais salants, salés
  • Lagunes, deltas, mangroves
  • Réseaux d'irrigation, de drainage, de canaux, de fossés
  • Forêts, boisements, bosquets
Mots-clés liés aux usages et aux pratiques
  • Ressource “sauvage” (non cultivée) (chasse, capture…)
  • Ressource “sauvage” (non cultivée) (pêche, pêche à pied…)
Rajouter des mots clés
  • Miel de mangrove très recherché, pratique reconnue des gestionnaires publics qui la soutiennent (AOT pour installer des ruches par exemple)
  • Charbon et bois d'oeuvre (pratiques presques disparues pour des raisons de préservation de la mangrove aujourd'hui bien comprises par les usagers et riverains)
  • Anciennes pratiques d'élevage de moutons de prés salés autrefois très recherchées (Agneau de Pâques des Salines), aujourd'hui disparues
  • Autres pratiques confidentielles :
    • "Bains démarrés" (bains en mangrove pour calmer et soigner)
    • petits élevages boeufs, cochons, en bordure de mangrove
    • ...